研究論集 = Research Journal of the Graduate School of Humanities and Human Sciences;第12号

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De la guerre tribale au crime contre l’humanite : Regards anthropologiques sur l’institution de la violence extreme

Clercq, Lucien

Permalink : http://hdl.handle.net/2115/51976
KEYWORDS : guerre;tribale;crime;contre;l’humanite;Regards;anthropologiques;l’institution;violence;extreme

Abstract

L’anthropologie est longtemps restee discrete sur les mecanismes de la violence telle qu’elle se donneavoir dans sa forme guerriere. Ce n’est que recemment que les travaux de Philippe Descola ont apporte des precisions de premiere importance au fonctionnalisme attribueala guerre,qui jusque lane semblait repondre qu’ala volonted’une determination generale. Dans sa forme tribale,et plus particulierement en Amerique du sud, elle serait plutot l’expression particuliere de processus sociauxatravers laquelle l’identiteest negociee puis reproduite en permanence. Il sembleraitegalement qu’ala base de ces conflits collectifs se retrouve systematiquement la malveillance d’autrui et des motifs de vengeance puisant leurs sources dans la rancune de conflits passes,dont les chamanes sont les vecteurs principaux. Ces derniers pratiquent en permanence une guerre invisible dont nous tenterons d’evoquer les contours et les enjeux sociaux. Ce fait guerrier prend aussi l’apparence d’un formidable marqueur identitaire pour certaines micros societes autour duquel elles se definissent. Bien que les strategies de resistance guerriere aborigene ne se donnent plusavoir qu’en de rares endroits du globe,et faceade nouvelles forces en presence les depassant,elles se transforment elles aussi. En assimilant les nouveaux enjeux de la lutte politique,c’est paradoxalement la formidable capacitease battre de certaines ethnies qui signent leur disparition au sein d’une plus vaste identitecomme nous le soulignerons grace aux travaux de Yves Godineau en Asie du sud-est. Les regimes politiques,aplus forte raison lorsqu’ils sont totalitaires,cherchent asupprimer ces voix de l’alterite. Si chaque societe humaineelabore les representations pouvant creer et donner du sensala vie sociale,Cornelius Castoriadis a montreque cette coherence atteignait sa limite dans la societesovietique des annees 1980,oul’Armee est devenue une institution autonome. Un nouveau type anthropologique d’individu n’evoluant que par son instinct guerrier est nedans cette societemilitaire,phase ultime d’un capitalisme bureaucratique ne cherchant qu’as’etendre sans notion de limite,separant les citoyens des lieux du pouvoir en les alienant,loin des valeurs de base de la democratie telle qu’envisagee dans la politique grecque. L’espace social se detruisant,la violence de guerre peut enfreindre les limites de l’acceptable en se transformant en une terreur collective et en«violence extreme»sur des civils dont le paroxysme fut atteint au XXe siecle avec l’assassinat genocidaire. La violence extreme ainsi instituee,il nous a paru necessaire de souligner la difference certaine qu’il existe entre la guerre et le crime de cruauteen nous referant aux exceptionnels travaux de Veronique Nahoum-Grappe en anthropologie de la violence.

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